Des plats signatures et leur histoire singulière
La cuisine au vin rouge bordelaise, ce sont de grandes signatures : du classique « entrecôte à la bordelaise » aux lamproies, en passant par le civet de canard. Voici les plats qui racontent la saveur d’une région.
L’entrecôte à la bordelaise : une tradition conviviale
Impossible de parler de Bordeaux sans évoquer cette viande noble, nappée d’une sauce à base de vin rouge, d’échalotes, de moelle de bœuf, et de beurre. Selon le Dictionnaire universel de cuisine pratique de Joseph Favre (1894), la recette a officiellement émergé au XIXème siècle, inspirée par les bouillons populaires préparés dans les tavernes autour du port de la Lune.
- La clé : une cuisson précise, pour préserver la tendreté de la viande, et l’ajout d’un vin jeune, bien tannique, qui enlace la moelle en une texture nappante.
- Anecdote : Autrefois, les courtiers en vin faisaient découvrir l’entrecôte à la bordelaise à leurs clients anglais, devenant ainsi le plat « signature » lors des négociations commerciales.
La lamproie à la bordelaise : un trésor fluvial
Plat mythique, la lamproie à la bordelaise incarne l’audace locale. Ce poisson préhistorique, pêché dans la Garonne, est mijoté longuement dans du vin rouge, accompagné de poireau, d’échalote et parfois de sang de lamproie, un tour de main emprunté à la cuisine médiévale.
- Ce plat puise ses racines au XIVème siècle, mentionné dans des banquets de la noblesse aquitaine (source : Jean-Louis Flandrin, Histoire de l’alimentation).
- L’élégance de ce mets : le vin de Bordeaux contrebalance la puissance marine du poisson, créant une alliance unique au monde.
Civets et daubes : de la nécessité à l’excellence
Historiquement, le « civet » était élaboré pour attendrir des viandes coriaces (gibier, canard, lapin) grâce à une marinade longue au vin rouge, aromates et parfois sang d’animal. La daube, quant à elle, empruntée à la Provence, prend à Bordeaux des accents charnus grâce aux vins plus structurés de la région (Merlot, cabernet-sauvignon).
- En 1770, le guide gastronomique Le cuisinier gascon cite déjà le vin de Bordeaux pour ses pouvoirs attendrisseurs et son apport aromatique (source : Gallica BNF).
- Les recettes évoluent à la fin du XXème siècle, avec l’arrivée de nouveaux cépages et des accords mets-vins plus poussés, portés par les tables étoilées du Bordelais.