Révolutions et crises : adaptation et créativité sous pression (XIXe siècle - années 1930)
Le XIXe siècle s’ouvre sur la Révolution française, qui redistribue les cartes foncières : des milliers d'hectares de terres ecclesiastiques sont achetés par de nouveaux propriétaires. Les domaines viticoles prennent leur essor, le classement de 1855 moralise la hiérarchie du vin. Les ouvriers, venus travailler dans la vigne ou les chantiers navals, amènent leurs propres traditions : soupe bordelaise, pain à la “mie pleine”, entremets au riz.
Les grandes crises laissent leur marque : le phylloxéra (insecte parasite) ravage 80 % du vignoble de 1875 à 1890 (Sources INAO). La diversification alimentaire devient obligatoire. On observe une hausse de la culture du maïs, de la pomme de terre, et de l’élevage de canards (lien avec le développement du foie gras dans l’Entre-deux-Mers).
- Sous Napoléon III, développement des premières conserveries de poissons à La Teste-de-Buch (sardines, thon) et à Bordeaux.
- Arrivée du “pain de ménage” dans l’alimentation quotidienne, confectionné en grandes fournées une fois par semaine.
- Début de l’ostréiculture moderne dans le Bassin d’Arcachon en 1865 – jusqu’à 10 000 tonnes d’huîtres produites en 1900 (INSEE).
Avec la Première Guerre mondiale, puis la crise de 1929, frugalité et ingéniosité s’imposent à la cuisine populaire : l’usage des abats, des légumes secs, et des produits de cueillette (champignons, châtaignes dans le Sud-Gironde) devient incontournable. La variété de soupes, ragoûts et pâtés augmente. Le vin, longtemps réservé à la vente, gagne du terrain comme boisson de consommation courante même chez les plus modestes – selon les statistiques agricoles de 1931, un ouvrier consomme alors près de 100 litres de vin par an.