Les grandes tables bordelaises et la « cuisine hollandaise » : influences persistantes
Poissons fumés et « brandade » boréale
Si la brandade de morue évoque le Sud, sa version bordelaise doit beaucoup au goût hollandais : poisson salé, ail, lait, herbes fines… mais aussi la présence de recettes à base de harengs fumés, un clin d’œil à la tradition du Zoute haring, célèbre dans toute la mer du Nord.
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Le fameux « poisson à la barrique » – harengs, sardines et anchois stockés dans des tonneaux, vendus sur les marchés des Chartrons – est popularisé par les marchands bataves dès le XVIIe siècle.
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Les premiers « traiteurs de poissons » bordelais, au XVIIIe, proposaient jusqu’à sept variétés différentes de poissons fumés, issus des salaisons hollandaises.
Parmi les touches originales héritées : l’habitude d’accompagner harengs, anguilles ou sardines de moutarde (importée de Hollande) et de pain de seigle, des usages toujours visibles dans certaines tables bordelaises.
Le vin blanc doucereux, complice du poisson
Les Hollandais, grands amateurs de contrastes, privilégiaient l’alliance entre les poissons fumés ou salés et les vins blancs doux, à la sucrosité équilibrant le sel et le fumé du plat. Cette tradition explique, aujourd’hui encore, les accords systématiques entre poissons (morue, anguille ou crevettes grises) et Sauternes, Loupiac ou Cadillac sur certaines cartes de restaurants girondins.